Cour et diplomatie dans la Savoie médiévale
Nous sommes allés à la rencontre d’Eva Pibiri (MER, section d’histoire, Unil) pour ce nouvel épisode confiné de Me Racontez Pas d’Histoires ! Notre collègue lausannoise est revenue pour nous sur son travail de doctorat centré autour des voyages en service princier des diplomates au service du comté puis du duché de Savoie à la fin du Moyen Âge.

Évoquant sa méthode de travail et ses sources, conservées aux Archives de Turin, Eva Pibiri nous montre comment s’écrit l’histoire, par la matérialité des sources de la pratiques et le croisement d’actes comptables et d’écrits discursifs. Elle est ensuite revenue sur son travail de recherche sur les pratiques curiales, travail qui l’a conduit désormais à s’intéresser à l’Hôtel ducal de Savoie dans le cadre d’un projet encouragé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.
En voyage pour Monseigneur. Ambassadeurs, officiers et messagers à la cour de Savoie (XIVe-XVe siècles), Lausanne, Société d’histoire de la Suisse Romande, 2011.
« Comment voyageait-on en service princier ? Aux XIVe et XVe siècles, la charge d’ambassadeur résident n’existant pas encore, chaque négociation impliquait un voyage. Les émissaires du duc de Savoie Amédée VIII (1391-1440) et Louis (1440-1465) étaient envoyés en mission diplomatique du Portugal à l’Écosse et de la Hongrie à l’Égypte. Comment ces déplacements en service princier étaient-ils organisés ? Comment ces pratiques diplomatiques se sont-elles mises en place par l’entremise du voyage ? Éva Pibiri (Section d’histoire) a suivi ces ambassadeurs dans leur périple, proposant pour la première fois une histoire de ces hommes qui servaient leur maître en parcourant l’Europe, notamment à l’occasion de la médiation d’Amédée VIII auprès des divers protagonistes de la guerre de Cent Ans. L’ouvrage offre une vision globale des missions de ces messagers, allant de la préparation du voyage aux moyens de transport employés, des itinéraires suivis aux périls affrontés, des problèmes de logement et d’argent aux curiosités « touristiques ». Il montre que ces officiers voyageurs constituent un rouage fondamental de la politique internationale savoyarde ».
© [Photographie d’Eva Pibiri] N. Chuard